La France, championne du monde des grèves!


La France est championne du monde. Des grèves. Après les cheminots, les infirmiers-anesthésistes, les personnels de Roissy, les profs et j'en passe des vertes et des pas mûres, c'est désormais au tour de l'équipe de France de football de faire grève. C'est arrivé cette après-midi. Dans un contexte un peu particulier il est vrai. Au terme d'un épisode houleux, l'injure du sélectionneur national, Raymond Domenech, par un attaquant de l'équipe, Nicolas Anelka, ce dernier a été renvoyé par la Fédération Française de Football. L'équipe dans son ensemble a alors décidé de contester cette décision en ne s'entrainant pas. C'est une première dans le monde du football national et international. L'autorité du sélectionneur et de tout le staff, ou du moins ce qu'il en restait, est ainsi complètement sapée. Et c'est grave, car c'est normalement un fondement du football, de se référer à une autorité qui guide les joueurs et donne une âme, une colonne vertébrale à l'équipe. En décidant de ne pas s'entraîner, les joueurs ont foulé aux pieds le principe même de tout sport qui est le respect de règles simples et de la discipline. A partir de là, on peut craindre un risque d'épidémie. Désormais, tout joueur, toute équipe, pourra être tenté de faire grève, parce qu'il n'a pas été titulaire, parce qu'un membre du staff l'aura regardé d'un air qui ne lui convient pas tout à fait. Et de la même façon qu'on se voit distribuer des papiers résumant les trains roulant et les trains supprimés dans les gares les jours de grèves, peut-être que les spectateurs d'Afrique-du-Sud se verront distribuer des papiers avec les matchs annulés pour cause de grève. Et peut-être que Patrice Evra va bientôt embaucher Bernard Thibault comme conseiller spécial à la grève. Peut-être qu'au lieu d'un entraînement aux passements de jambes et aux dribbles, ils vont bientôt s'affairer à un entrainement mégaphones-manifs et peintures de pancartes! Après tout, tout est imaginable, désormais. Ce qui est sûr, c'est que vus les résultats de la France quand l'équipe s'entraînait, maintenant que l'équipe ne s'entraîne plus, la France a de moins en moins de chances d'être championne du monde. Ou peut-être championne du monde des grèves, toutes catégories confondues.

Les chevaliers des temps modernes


Non, les chevaliers n'ont pas disparu. Ils se sont juste transformés, pour s'adapter à l'époque moderne. Autrefois ils tuaient des gens sur des champs de batailles et on appelait ça des exploits. Désormais ils réalisent des passements de jambes sur des pelouses et on appelle ça aussi des exploits. Autrefois on les appelait chevaliers, aujourd'hui on les appelle footballeurs. Certes, le contexte n'est pas tout à fait le même, on ne peut pas dire que les footballeurs font la guerre. Mais quand même. On peut remarquer que les footballeurs modernes cristallisent toute l'attention qui étaient due au Moyen-Age aux héros appelés chevaliers. En effet, lorsqu'un joueur est en vue, il est l'objet de toutes les considérations et de toute l'admiration autrefois dues aux héos des champs de batailles. Chaque ville possédant un club de Ligue 1 a un blason, comme au temps des chevaliers. Et le championnat de Ligue 1 est comme une rivalité entre les différentes villes de France, comme autrefois les guerres entre les différentes provinces. Et les stades sont autant de campaniles qui se font concurrence. Chaque joueur d'une équipe porte les couleurs de son club, ou de sa nation. Et la coupe du monde a des accents de grande guerre pacifique. On parle bien de "défense" et "d'attaque", comme dans les batailles. Les schémas tactiques de 4-3-3 ou de 4-2-3-1 sont même l'objet d'âpres discussions, de la même façon que les stratégies de batailles étaient longuement discutées. Combien de fois n'entend-on pas "Il a mené ses troupes à la victoire", en parlant d'un entraineur, tel un fier colonel... Et quand une ville ou un pays a gagné une compétition, les joueurs vainqueurs paradent dans les rues à bord d'un bus à impériale, comme autrefois ceux-ci sur leurs fiers destriers. Oui, ces héros du ballon rond que les enfants adulent sont bien les chevaliers des temps modernes.