Les déménagements

C'est fou ce qu'on peut trimbaler dans les déménagements. Et ce qu'on peut perdre, aussi. Mais ce qu'on retrouve, on se rend compte qu'on y tient vraiment. On se rend compte que ce sont ces choses qui comptent le plus. On pourrait racheter tout le reste dans des magasins quelconque d'un centre commercial implanté dans une zone commerciale à la périphérie d'une ville X ou Y. Mais ces quelques choses qui ont survécu à plusieurs déménagements, que précieusement on a emballé dans des cartons et que tout aussi précieusement on a sorti des cartons, on y tient plus qu'à la prunelle de nos yeux. Quelques exemples en vrac qui me concernent: mes diplômes de 1er (photo), 2ème et 3ème galop, une bouteille de Desperados de mon anniversaire de mes 18 ans. un pot à crayons rapporté du Liban par ma sœur, quelques photos, des cartes d'anniversaire, ma collection de bateaux miniatures... C'est ce genre d'objets qui font qu'on se sent chez soi n'importe où, ce genre d'objets qu'on a envie de déballer en premier. Ces petites choses, on pourrait les décrire scientifiquement en disant "elles mesurent tant, elles pèsent tant", on aurait rien dit sur elle, tant leur signification est plus affective qu'autre chose. C'est vraiment ces choses là qui valent la peine d'être déménagées, plus que tout le reste qui est remplaçable.

La France, championne du monde des grèves!


La France est championne du monde. Des grèves. Après les cheminots, les infirmiers-anesthésistes, les personnels de Roissy, les profs et j'en passe des vertes et des pas mûres, c'est désormais au tour de l'équipe de France de football de faire grève. C'est arrivé cette après-midi. Dans un contexte un peu particulier il est vrai. Au terme d'un épisode houleux, l'injure du sélectionneur national, Raymond Domenech, par un attaquant de l'équipe, Nicolas Anelka, ce dernier a été renvoyé par la Fédération Française de Football. L'équipe dans son ensemble a alors décidé de contester cette décision en ne s'entrainant pas. C'est une première dans le monde du football national et international. L'autorité du sélectionneur et de tout le staff, ou du moins ce qu'il en restait, est ainsi complètement sapée. Et c'est grave, car c'est normalement un fondement du football, de se référer à une autorité qui guide les joueurs et donne une âme, une colonne vertébrale à l'équipe. En décidant de ne pas s'entraîner, les joueurs ont foulé aux pieds le principe même de tout sport qui est le respect de règles simples et de la discipline. A partir de là, on peut craindre un risque d'épidémie. Désormais, tout joueur, toute équipe, pourra être tenté de faire grève, parce qu'il n'a pas été titulaire, parce qu'un membre du staff l'aura regardé d'un air qui ne lui convient pas tout à fait. Et de la même façon qu'on se voit distribuer des papiers résumant les trains roulant et les trains supprimés dans les gares les jours de grèves, peut-être que les spectateurs d'Afrique-du-Sud se verront distribuer des papiers avec les matchs annulés pour cause de grève. Et peut-être que Patrice Evra va bientôt embaucher Bernard Thibault comme conseiller spécial à la grève. Peut-être qu'au lieu d'un entraînement aux passements de jambes et aux dribbles, ils vont bientôt s'affairer à un entrainement mégaphones-manifs et peintures de pancartes! Après tout, tout est imaginable, désormais. Ce qui est sûr, c'est que vus les résultats de la France quand l'équipe s'entraînait, maintenant que l'équipe ne s'entraîne plus, la France a de moins en moins de chances d'être championne du monde. Ou peut-être championne du monde des grèves, toutes catégories confondues.

Les chevaliers des temps modernes


Non, les chevaliers n'ont pas disparu. Ils se sont juste transformés, pour s'adapter à l'époque moderne. Autrefois ils tuaient des gens sur des champs de batailles et on appelait ça des exploits. Désormais ils réalisent des passements de jambes sur des pelouses et on appelle ça aussi des exploits. Autrefois on les appelait chevaliers, aujourd'hui on les appelle footballeurs. Certes, le contexte n'est pas tout à fait le même, on ne peut pas dire que les footballeurs font la guerre. Mais quand même. On peut remarquer que les footballeurs modernes cristallisent toute l'attention qui étaient due au Moyen-Age aux héros appelés chevaliers. En effet, lorsqu'un joueur est en vue, il est l'objet de toutes les considérations et de toute l'admiration autrefois dues aux héos des champs de batailles. Chaque ville possédant un club de Ligue 1 a un blason, comme au temps des chevaliers. Et le championnat de Ligue 1 est comme une rivalité entre les différentes villes de France, comme autrefois les guerres entre les différentes provinces. Et les stades sont autant de campaniles qui se font concurrence. Chaque joueur d'une équipe porte les couleurs de son club, ou de sa nation. Et la coupe du monde a des accents de grande guerre pacifique. On parle bien de "défense" et "d'attaque", comme dans les batailles. Les schémas tactiques de 4-3-3 ou de 4-2-3-1 sont même l'objet d'âpres discussions, de la même façon que les stratégies de batailles étaient longuement discutées. Combien de fois n'entend-on pas "Il a mené ses troupes à la victoire", en parlant d'un entraineur, tel un fier colonel... Et quand une ville ou un pays a gagné une compétition, les joueurs vainqueurs paradent dans les rues à bord d'un bus à impériale, comme autrefois ceux-ci sur leurs fiers destriers. Oui, ces héros du ballon rond que les enfants adulent sont bien les chevaliers des temps modernes.

Dark water horizon

Incendie de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, le 20 avril dernier.

C'est absolument scandaleux! Tout ça parce qu'une valve anti-explosion et anti-fuite trop vieille n'a pas été remplacée... Rappel des faits: le 20 avril 2010, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, appartenant au pétrolier British Petroleum a sombré au large de la Louisianne suite à une l'incendie de celle-ci. C'en est suivie une fuite dans les tuyaux qui amenaient le pétrole à la surface, déclenchant la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis. Longtemps restée au large, la nappe de pétrole est entrain de toucher les côtes de la Louisianne. Cette catastrophe menace de façon très alarmante la faune et la flore du golf du Mexique. Mais ce tragique événement va aussi avoir de terribles conséquences économiques: de nombreux Américains de cette région vivent de la pêche et le tourisme risque d'être durement affecté. Et depuis le début de cette catastrophe, les solutions pour enrayer la fuite se sont succédées et ont toutes échoué. Il y a eu d'abord ce dôme, qui devait permettre de pomper le pétrole qui s'écoule de la fuite. Plus récemment, avec l'opération au nom guerrier "Top kill", on a cru au succès: le principe était d'injecter de la boue et ensuite du ciment dans la fuite. Oui mais voilà, dans les jours qui ont suivi l'opération, après nous avoir annoncé un succès, BP a avoué que l'opération avait échoué. Et maintenant, une opération de "syphonage" est bien au programme, mais il est permis de douter de son succès après tous les échecs essuyés par BP. La seule solution fiable, qui consisterait à percer un puits secondaire, n'est pas attendue avant le mois d'août... Et en attendant, le pétrole continue de s'échapper. Et au lieu des 800000L annoncés initialement, cela pourrait, d'après certains experts, être quatre fois plus. C'est honteux. Honteux qu'une société qui prétende avoir le savoir faire pour forer ne prenne pas soin de ses installations. Honteux qu'une entreprise qui provoque une fuite et un désastre écologique et économique ne soit pas capable de colmater la fuite. Au lieu de Deepwater Horizon, cette maudite plateforme pétrolière pourrait être rebaptisée Dark water Horizon, sombre comme le pétrole qui s'en écoule et qui souille les bayous de la Louisiane.

Un très beau film


C'est une histoire pas si compliquée que ça, des dialogues pas tirés par les cheveux et des photos pas supra originales, mais c'est un très beau film. Le nom? Gladiator. L'histoire? La voici. Le général Maximus commande l'armée romaine de l'empereur Marc-Aurèle. Maximus est grand, fort et enchaîne victoire sur victoire. Quand le film commence, l'armée romaine est en Germanie (l'actuelle Allemagne) et s'apprête à livrer une bataille de plus. Cette première scène reflète à elle seule tout le film: du rythme et une alternance savamment dosée de dialogues bien écrits et d'action. Maximus gagne la bataille et est félicité par Marc-Aurèle. Celui-ci est tellement fier de son général qu'il lui fait une demande toute particulière: il veut qu'à sa mort, ça soit lui, Maximus qui dirige Rome pour amener l'empire à devenir une République. Lorsque Marc-Aurèle annonce cette décision à son fils Commode, ce dernier serre son père si fort contre lui qu'il le tue. Commode annonce ensuite la nouvelle à Maximus et lui demande de prêter allégeance à son nouveau souverain. Maximus devine le meurtre et refuse. Aussitôt il est emmené par des gardes pour être exécuté. Au dernier moment, il parvient à se libérer et au terme d'une très belle scène de combat, met hors d'état de nuire ses bourreaux. Le général déchu Maximus cherche ensuite à rejoindre sa famille, mais il arrive trop tard. Lorsqu'il parvient à son domaine, sa femme et son fils ont été crucifiés, sur ordre de l'empereur Commode. Maximus est ensuite capturé par un marchand d'esclaves. Celui-ci le vend à un homme qui l'entraine pour des combats de gladiateurs. Petit à petit, celui qui se fait surnommer "l'Espagnol" acquiert une certaine notoriété au fur et à mesure qu'il enchaîne les victoires. Il est ensuite conduit à Rome où des jeux sont ordonnés par l'empereur Commode. Là encore il triomphe. L'empereur Commode en est tellement excédé qu'il finit par descendre lui-même dans l'arène pour combattre cet esclave rebelle. Maximus le tue, mais meurt aussi à la suite de son combat. Son âme part ensuite rejoindre celle de son fils et de sa femme.
Dans ce film, on peut admirer un Russel Crow (Maximus) au sommet de son art et superbement dirigé par un Ridley Scot magistral. L'histoire est bien ficelée, les personnages bien pensés et vraisemblables. Les efforts que fait la sœur de Commode pour supporter la terreur que lui inspire son frère, par amour pour son fils, est remarquablement narrée. Enfin, la musique accompagne parfaitement les différents moments du film. Un très beau film, donc.

Test du Starbucks Coffee de Versailles


Cela faisait un moment que j'avais envie de tester le Starbucks Coffe de Versailles. Celui-ci se trouve place Lyautey, en face de la gare rive gauche, c'est à dire très bien placé, car situé en plein sur le trajet des touristes qui viennent à Versailles visiter le château par le RER C et qui repartent assoiffés et affamés par le même trajet. Voilà pour l'emplacement. La devanture, maintenant. Conforme à tous les Starbucks. Dans la cité royale, on aurait aimé un brin plus jolie. A présent l'intérieur. Il est plutôt soigné, avec dans un coin des paquets de café dans des paniers en osier, ce qui a pour effet de donner un aspect "old school authentic" au café. Pas désagréable, quand on s'attend à un endroit spécialiste du café et qui a du cachet. Ensuite, j'ai voulu m'engager dans la file d'attente. Et là j'ai vite déchanté. Étant donné la bonne réputation de la chaîne, le fait qu'on était le jeudi de l'ascension et le nombre de touristes à l'heure qui passe par la place Lyautey, la file d'attente s'étendait jusqu'à l'extérieur du café. Direction l'extérieur, donc et le froid, car on a beau être le 13 mai, il fait plutôt frisquet ce jour là. Heureusement les serveurs travaillent vite et la file avance à une bonne vitesse. Bon point pour le Starbucks, donc. Une fois mon tour arrivé, voulant expérimenter une spécialité du lieu, je commande un "café de la semaine" au nom imprononçable. Le serveur me demande quelle taille je veux, je dis la petite, il me demande si je veux un muffin avec, je dis non. Et oui, je préviens le lecteur qui voudrait un test XXL qu'il lui faudra passer son chemin. Faute de moyens extraordinaires, j'ai joué le test du client radin. Je repars donc avec mon café, sans faire d'arrêt par la petite table avec le sucre, car je bois toujours mon café non sucré, je ne pourrai donc pas vous livrer un test du sucre Starbucks, qui a sûrement le même goût que les autres sucres du monde. Je regarde la salle, je scrute chaque recoin à la recherche d'une table libre. Et là, mauvais point pour l'enseigne: la salle est en effet un peu petite. Il y avait à peine une dizaine de table, alors qu'on aurait pu en mettre plus... Je me décide donc à braver le froid pour m'installer en terrasse où il reste une table de libre. Et là, oh instant tant attendu, je teste le fameux système américain de ce couvercle à la petite fente sur le côté qui permet de boire tout en laissant le couvercle sur son verre de café. La première impression est que ce système garde le café vraiment très chaud et ne permet pas de boire en "sifflant son café", c'est à dire en absorbant une bonne dose d'air en même temps qu'une gorgée de café, ce qui permet de refroidir au passage la boisson brûlante. J'enlève donc le couvercle du verre. Mais au bout d'un moment, quand mon café devient plus tiède, je suis bien content de le remettre, pour retenir le peu de chaleur qui subsiste. Bien vu, le verre en carton est entouré dans sa partie inférieur d'un carton circulaire pour pouvoir tenir le verre chaud. En ouvrant le verre j'ai été heureux de constater qu'il y avait une bonne quantité de café. Au moins, on en a pour son argent! Par contre, au niveau du goût, ça avait beau être le café de la semaine, je n'ai pas vu la différence avec un café classique.
Verdict: Le starbucks café vaut le coup rien que par l'ambiance particulièrement soignée de son intérieur. On est pas arnaqué sur la quantité ni sur la chaleur. En revanche, la salle du Starbucks de Versailles est un peu petite et on aurait pu mettre plus de tables à l'intérieur. Cependant, à la terrasse, le plaisir de siroter son café dans un Starbucks reste intact. D'autant que, si on le désire, on peut accompagner sa boisson (qui peut être bien autre chose qu'un café) d'un muffin ou de bien d'autres patisseries. A recommander, donc.

Du côté de chez Proust

Tous les jours, de nouveaux livres sortent. La plupart du temps écrits par des auteurs qui étaient, quelques jours auparavant, encore de parfaits inconnus et qu'on voudrait, du jour au lendemain, faire rentrer au Panthéon des auteurs. A peine achevé la dernière page de leur prose, on voudrait leur ériger des statues. Aucun qualificatif n'est trop beau pour eux. On en parle à ses voisins, on fait grand bruit autour de leur livre, on le conseille même par mail et cette réputation de carton fait le tour du monde.Sans être vieux jeu ni conservateur, ni même encore rabat-joie il y a des auteurs qui figurent peut-être dans les parties empoussiérées de certaines bibliothèques, mais qui valent le coup. Certains auteurs sont considérés comme les "classiques" de la littérature et pour certains, cet attribut à quelque chose de négatif. Comme si de figurer au panthéon légitime des Lettres rendait tout de suite un écrivain "ringard". Mais je n'ai pas honte de le dire, il y a sans doute plus de génie chez certains noms du Lagarde et Michard que dans les pseudos géniales inventions de certaines signatures contemporaines.
Il suffit tout simplement d'aller voir du côté de chez Proust. Extrait.
"Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l'avait heurté, suivi d'une ample chute légère comme de grains de sable qu'on eût laissé tomber d'une fenêtre au-dessus, puis la chute s'étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle: c'était la pluie."

Proust, Du côté de chez Swann, Folio classique p100

Il y a dans ces quelques lignes qui prennent comme objet de décrire la pluie une poésie, un rythme, une précision ciselée dans de la dentelle qui frisent le génie. Il y a, dans cette évocation, somme toute banale, de l'eau ruisselant et cognant contre les carreaux, une pertinence dans le choix des mots et dans la composition de la phrase qui détaillent si bien le phénomène qu'on a l'impression de le découvrir pour la première fois. Il y a dans cette phrase une musicalité si savamment construite qu'elle enchante l'esprit. On pourrait disserter des heures sur ce passage. Là n'est pas la question. Le but est de le comparer à ces ouvrages, si savamment articulés, mais dont la saveur laisse à désirer. Ces volumes, parfois en tête des ventes, ô combien peu révélatrices du talent, brillent par leur élégance à tirer des ficelles toutes plus innovantes les unes que les autres. Mais combien ont la profondeur, la réflexion, la pertinence d'un Proust. Ou d'un Balzac, d'un Hugo, d'un Racine... Peu. Comme quoi, un ange aux ailes divines et muni de l'épée de Saint-Michel, ferait parfois bien de surgir de ces panneaux en carton qui décorent inutilement les piles de livres à l'entrée des librairies et clamerait comme une sentance de mise en garde "Allez d'abord faire un tour du côté de chez Proust!"